Jérémy Mailly, 33 ans, suit l’Executive MBA de HEC. Dans la vraie vie il est DRH France & Corporate de Bel, le groupe fromager. Il a accepté avec bonne humeur et implication d’être l’étudiant qui siège cette année au Jury du Prix Trajectoires.
Qu’est ce qui t’a amené à accepter d’être membre du jury Trajectoires 2015 ?
- Par mon métier de DRH je suis intéressé par les questions de diversité et de leadership au féminin
- Depuis le début de ma carrière professionnelle, il y a 10 ans, la question de la diversité est un thème majeur et permanent
- En tant qu’Exécutive MBA, je constate que la parité n’existe pas encore, les femmes sont minoritaires dans ma promotion et c’est un sujet qui est ressenti au sein de cette promotion. Les femmes sont souvent amenées à faire part de ce problème. De façon générale, Il y a également de nombreux échanges sur les questions d’âge, de la vision des hommes sur la mixité et enfin j’ai l’impression que nous avons passé une étape, maintenant avec l’arrivée régulière des femmes dans les conseils d’administration et dans les CODIR de nombreux grands Groupe.
Qu’as-tu ressenti comme membre du jury lors de la première session du 17 mars 2015 ?
D’abord, c’est un jury très bien organisé, comparativement aux autres prix auxquels j’ai participé.
- Chaque candidature est défendue très fortement par un membre de l’équipe. On sent ainsi qu’au delà d’un parcours brillant il y a une histoire
- Les parcours présentés sont diversifiés, dynamiques, tous remarquables. Notamment les Jeunes Pousses, qui ont déjà bien réussi. On constate que les barrières ont sauté, qu’elles n’ont plus de bride, c’est naturel pour elles.
- On trouve des parcours extraordinaires partout, dans les grands groupes, au CIO, dans les start-up, dans les institutions, en France ou à l’international. Cela contribue à transformer la relation au travail, dans un esprit d’innovation, d’ouverture, de créativité, avec de nouvelles idées. On constate que maintenant les entreprises recherchent des candidats d’origine et de situations diverses, admettent l’échec comme une source d’enrichissement et d’expérience, ainsi que les autres activités, notamment sportives ou autres. Je pense à Arnaud Montebourg, dont l’échec lui a fait prendre conscience d’un besoin d’évolution. La diversité n’est donc plus une question homme / femme, mais des parcours différents.
Quel conseil donnerais-tu aux candidates ?
- Le processus de prise de conscience de la mixité dans les entreprises est maintenant en cours
- Les managers sont de plus en plus sensibilisés notamment dans les grands groupes, le sujet peut donc être abordé plus directement
- Le processus de nomination au CA ou dans les CODIR est de plus en plus acquis
- Maintenant, il faut également agir sur le comportement des femmes en leur donnant de bons exemples, leur montrer qu’il y a peut- être moins de barrières aujourd’hui. Ce sont les intéressées elles-mêmes qui se mettent parfois aussi leurs propres barrières. Or il est possible de réussir, par l’exemple on peut changer le comportement. Il faut leur faire libérer leur énergie, problème que n’ont pas les Jeunes Pousses à priori lorsque l’on regarde leur début de carrière. C’est le comportement qu’il faut faire évoluer.
- Je prendrai l’exemple de la sécurité dans l’entreprise. Au début, on a amélioré les machines et introduit des dispositifs de sécurité puis il a fallu travailler ensuite sur les comportements. Pour l’égalité Homme/Femme c’est la même chose, les entreprise ont travaillé sur leur process RH et dorénavant il faut travailler sur les comportements managériaux. Il y a maintenant un équilibre homme / femme à trouver dans l’entreprise. Par exemple, je suis jeune père de famille. J’ai indiqué que je prenais en charge mes enfants le matin, mon épouse le faisant le soir. Après la surprise de la première fois, c’est maintenant une donnée acquise et admise. Pour l’expatriation, c’est la même chose. Maintenant, on fait attention à la notion de famille et à la carrière du conjoint, quel qu’il soit homme ou femme. Le cas de l’homme suivant la femme devient fréquent.
L’évolution est en marche. Penses-tu qu’à un terme proche, HEC Au Féminin a encore une utilité ?
La transformation a bien démarré et il faut la soutenir. Il faut continuer de montrer l’exemple, il y a un besoin de coaching. Dans dix ans, les choses auront fortement évolué.
En effet, le sujet ne sera pas tant celui de la mixité, mais celui de l’égalité des chances. HEC Alumni prend les bons axes et suit bien l’évolution. Ce nouvel axe est excellent. Après le leadership au féminin et les situations de handicap, ce sujet devient important, non seulement en France, mi au niveau mondial. L’axe de l’entreprenariat est également très fort.
Pourquoi as-tu décidé de faire un MBA ?
J’ai 10 ans en expérience purement RH. Après ma formation psycho et RH, j’avais besoin de concrétiser mon expérience et la découverte des fonctions de l’entreprise via mon métier. Mais il faut sédimenter cet acquis et surtout ouvrir le champ des possibles, , en prenant une grande conscience des autres métiers de l’entreprise et surtout l’interactions des différentes fonctions. Et ceci est particulièrement important dans le métier des RH. Or les promotions sont constituées très mixtes en matière d’âge, d’origine et de secteurs d’activité.
Propos recueillis par Nicole Brunet