L’innovation à coeur ouvert : #Change Makers dans la recherche et la santé Mag 72 Santé et Recherche
avec les interviews de : Anne-Sophie Bordry, fondatrice de Médicis Web et présidente de Tetramos, Anne Osdoit, Partner MD Start et Venture Consultant Sofinnova Partners, Guillaume Desnoës (H.05), co-fondateur de Alenvi, Florence Allouche Ghrenassia (EMBA. 12), présidente de Sparing Vision, Héloïse Berkowitz (H.13) chercheure CNRS, Anaïs BARUT (H16), fondatrice de DAMAE médical.
Le mot de la Présidente HEC au Féminin, Evelyne Kuoh :
Dans un monde où tout bouge…
Le secteur de la santé n’est pas en reste, qu’il s’agisse de BioTech (49% des entreprises), des MedTech (26% des entreprises), de la très médiatique e-santé (5% des entreprises) ou des entreprises ayant un modèle mixte1. Ce qui caractérise le secteur, c’est la mise en adéquation des dimensions économiques (rapport bénéfice/ économie) et humaines avec une réglementation très évolutive. Autant de points qui seront étayés par les avis d’experts et les témoignages de camarades oeuvrant dans le secteur.
Au passage, saluons l’HEC de l’année, Stanislas Niox-Chateau, H.10, Directeur Général de Doctolib. Cette start-up de l’e-santé révolutionne l’accès aux soins grâce à un service complet de gestion des rendez- vous médicaux et de développement de patientèle.
Le financement de la R&D, au cœur de l’innovation médicale
« La R&D reste au cœur, mais le modèle économique doit rester centré sur les usages » pour ce qui est de l’e-santé, nous dit Sophie Bordry, fondatrice de Medicis Web. Le potentiel de développement du numérique dans le secteur de la santé est énorme : partage des données entre chercheurs, mise en place du dossier médical numérique, optimisation des flux ville/hôpital ou intra structures hospitalières, objets connectés, services à la personne…
Qui dit développement, dit recherche et son corollaire, le financement. Les technologies médicales nécessitent de gros investissements, notamment en phase d’amorçage. Les fonds de capital-risque comme Sofinnova viennent compléter les dispositifs de financements publics existants. Les structures hospitalo- universitaires, grands drivers de l’innovation, délivrent les licences d’exploitation de leurs brevets. Tandis que les grands labos fonctionnent de plus en plus par croissance externe, en amont du processus de recherche, et moins par des innovations développées en interne.
La technologie pour rapprocher professionnels et patients.
Les réservoirs d’innovation sont nombreux. Ainsi, DAMAE transforme le service médical en créant des applis et instruments connectés pour en faire des assistants intelligents pour diagnostic. De même, ALENVI ré-humanise le métier d’auxiliaire de vie grâce à un modèle managérial innovant qui « renverse les logiques de taylorisme appliquées actuellement au secteur » tout en redonnant l’autonomie aux aidants.
Pour autant, le développement de l’innovation médicale rencontre encore des freins, comme la gestion et protection des données personnelles. Le RGPD (Règlement général sur la protection des données personnelles), dont nous vivons la mise en œuvre à travers les nombreuses sollicitations de mise à jour de données que nous recevons depuis fin mai, s’applique aussi à l’e-santé. L’adoption par les patients des technologies médicales connectées, est également un enjeu majeur. Dans ce domaine, on pourrait s’interroger si le souci de simplification de l’accès au service et de préservation du lien humain ne devrait pas primer sur le taux d’innovation. On a souvent plus besoin d’une interaction directe avec un professionnel et du lien de confiance qui l’accompagne.